• la poésie

     

     

    Si vous n'avez rien à me dire,

    pourquoi venir auprès de moi?

    Pourquoi me faire ce sourire

    Qui tournerait la tête au roi ?

    Si vous n'avez rien à me dire

    pourquoi venir auprès de moi?

    Si vous n'avez rien à m'apprendre 

    Pourquoi me pressez-vous la main ?

    Sur le rêve angélique et tendre,

    Auquel vous songez en chemin.

    Si vous n'avez rien à m'apprendre,

    Pourquoi me pressez vous la main ?

    Si vous voulez que je m'en aille,

    Pourquoi passez vous par ici ?

    Lorsque je vous vois,je trésaille  :

    C'est ma joie et c'est mon souci.

    Si vous voulez que je m'en aille,

    Pourqoi passez vous par ici

    Tu peux comme il te plait, me faire jeune ou vieux,

    Comme le soleil fait serein ou pluvieux

    L'azur dont il est l'âme et que sa clarté dore,

    Tu peux m'emplirde brume ou m'innonder d'aurore.

    Tu sembles une femme enfermée en un lis.

    Et qu'à d'autres moments, l'oeil qu'éblouit ton âme

    Croit voir, en te voyant, un lis dans une femme.

    Si tu m'as souris, Dieu ! tout mon être bondit !

    Si Madame, au milieu de tous vous m'avez dit

    A haute voix : "Bonjour, Monsieur" et bas : "Je t'aime ! "

    Si tu mas caressé de ton regard suprême,

    Je vis ! je suis léger, je suis fier, je suis grand :

    Ta prunelle m'éclaire en me transfigurant :

    J'ai le reflet charmant des yeux dont tu m'accueilles :

    Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles,

    On sent de la gaité sous chacun de mes mots;

    Je cours, je vais, je ris ; plus d'ennuis, plus de maux ;

    Et je chante, et voila sur mon front la jeunesse !

    Mais que ton coeur injuste, un jour, me méconnaisse ;

    Qu'il me faille porter en moi, jusqu'à demain, 

    L'énigme de ta main retirée à ma main :

    - Qu'ai -je fait ? qu'avait -elle ? elle avait quelque chose 

    Pourquoi,dans la rumeur du salon ou elle cause,

    Personne n'entendant, me disait-elle vous?

    Si je ne sais quel froid dans ton regard si doux 

    A passé comme passe au ciel une nuée,

    Je sens mon âme en moi toute diminuée ;

    Je m'en vais courbé, las, sombre comme un aïeul ;

    Il semble que sur moi, secouant son linceul,

    Se soit soudain penché le noir vieillard Décembre ;

    Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre ;

    Le chagrin - âge et deuil, hélas ont le même air, 

    Assombrit chaque trait de mon visage amer, 

    Et m'y creuse une ride avec sa main pesante.

    Joyeux, j'ai vingt-cinq ans ; triste, j'en ai soixante.

    Victor Hugo

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 14 Octobre 2013 à 11:15

    Je l'ai lu jusqu'au bout parce que j'aime Victor Hugo et que ma mère (avec un simple certificat d'études) était capable de réciter de nombreux poèmes. Merci beaucoup !

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :